STATUE DE LA SCIENCE
QUOI : STATUE DE LA SCIENCE
QUI : Initiative: l'architecte Jean-Louis Pascal, Réalisation: sculpteur(s) Pierre-Jules Cavelier...et Léon Fagel(?)
OÙ : Marbre: Devant la Faculté place de la Victoire (à droite des escaliers), Modèle-plâtre: Musée Crozatier du Puy-en-Velay.
QUAND : Installation: 26-27 Novembre 1893. Enlèvement des échafaudages le 29 Novembre 1893 à 11h00.
COMMENT :
> NATURE/CONSTRUCTION: Marbre blanc
> ÉTAT: Toujours visible, mais salie et noircie...
COMBIEN : 1 modèle en plâtre et 1 statue en marbre.
POURQUOI: Ces 2 allégories furent installées devant la nouvelle Faculté à des fins symboliques et d'ornementation.
CONTEXTE HISTORIQUE
L’Université de Bordeaux, y compris la Faculté de Médecine et Pharmacie, a été fondée en 1441 par le Pape Eugène IV, mais a été fermée pendant la Révolution française. Elle a été rétablie en 1808 sous Napoléon Ier. La faculté de médecine elle-même a une histoire encore plus ancienne, remontant à l’époque romaine...
La construction du bâtiment actuel de la Faculté de Médecine et Pharmacie a commencé en 1876 après un concours d’architecture remporté par Jean-Louis Pascal. Le bâtiment a été conçu pour refléter l’importance de la science et de la nature dans l’éducation et la recherche médicale. En témoignent les deux sculptures représentant la Nature et la Science qui ornent le fronton du bâtiment. Au centre de l'Atrium, on peut lire la devise « Pro Scientia Urbe et Patria » (Pour la science, la ville et la patrie)...
La construction du bâtiment a été réalisée en plusieurs étapes. Initialement, il devait abriter une faculté mixte de médecine et de pharmacie. Cependant, des changements politiques ont conduit à une scission de l’établissement en deux parties distinctes. Malgré cela, Pascal avait anticipé cette évolution et avait conçu le bâtiment de manière à pouvoir accueillir l’ensemble des services sur un seul site. Les travaux ont commencé le 12 mai 1880.
L'édifice fut inauguré en 1888 en présence du Président de la République Sadi Carnot et de plusieurs ministres. Plus tard, en 1899, une extension a été ajoutée à l’édifice pour regrouper tous les services sur un seul site. Après une pause due à la Première Guerre mondiale, les travaux déjà entamés jusqu'en 1914, reprirent et s'achevèrent en 1922...
En termes d’architecture, l’édifice est un exemple remarquable du XIXe siècle. Il présente un avant-corps dominant en façade sur la place, avec un ordre colossal ionique dont la corniche est surmontée d’un attique. Chaque travée de l’étage est percée d’une grande baie à l’allège suffisamment haute pour servir d’appui aux rayonnages de la bibliothèque et pour isoler visuellement l’étudiant du monde extérieur.
L’édifice se compose d’un grand vestibule, d’un grand escalier, d’une salle des actes, de plusieurs laboratoires et salles d’étude, ainsi que d’un jardin botanique. Le décor intérieur a été soigneusement conçu, avec notamment une bibliothèque qui occupe une position privilégiée en façade. Cette bibliothèque était destinée à servir de lieu d’étude pour les étudiants et de centre de recherche pour les universitaires.
L'austérité du bâtiment est notamment due aux contraintes budgétaires qui s'imposèrent à l'architecte, obligeant même Jean-Louis Pascal à remanier son plan, amputé du grand amphithéâtre que celui-ci souhaitait pour une grande faculté.
L’université "Bordeaux-II" fut créée en 1970 après la division en trois de l’ancienne université de Bordeaux reconstituée en 1896. En 2007 Bordeaux-II est membre fondateur du PRES « Université de Bordeaux » et accède aux « compétences élargies » en janvier 2010.
Jusqu'en décembre 2010, l'université portait le nom université "Victor Segalen Bordeaux 2". Mais pour pallier une utilisation pas toujours homogène de ce nom, préjudiciable surtout dans les publications scientifiques, le conseil d'administration s'est prononcé en juin 2010 pour le changement de nom et de logo. Préparée depuis 2010, l’ "Université de Bordeaux" est reformée le 1er janvier 2014, résultat de la fusion des universités Bordeaux-I, Bordeaux-II et Bordeaux-IV.
Aujourd'hui ce "Campus Victoire" regroupe les formations : L'anthropologie sociale, l'ethnologie / La psychologie / La sociologie / Les sciences de l'éducation et de la formation / L'UFR de Sciences et Modélisation / l'UFR d'Odontologie (rue Elie GINTRAC).
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CRÉATION DE LA STATUE DE LA SCIENCE PAR CAVELIER
Jules Cavelier, n'était pas l'artiste choisi originellement par l'architecte Jean-Louis Pascal. En effet, l'architecte avait pensé faire appel à deux de ses connaissances pour ces statues. Pascal, Barrias et Degeorge ont en effet séjourné tous trois à Rome en même temps: Pascal remporta le Grand Prix d’architecture en 1866, Degeorge le Grand Prix de gravure sur médaille la même année et Barrias, le Grand prix de sculpture en 1865.
Le décès de Charles Degeorge en novembre 1888, entraîne en janvier 1889 l’attribution de la commande au maître de Barrias, Pierre-Jules Cavelier.
Élève de David d’Angers et de Paul Delaroche, Cavelier obtient le Prix de la tête d’expression en 1841 et le Prix de Rome l’année suivante. Il bénéficie de nombreuses commandes de la part de l’État, de la ville de Paris et d’autres collectivités locales.
Le plâtre de sa statue de La Science se trouve aujourd'hui au Musée Crozatier du Puy-en-Velay (voir photos plus bas dans la page)...
Notons que sa statue de La Science ne rencontrera pas le succès important du second modèle de La Nature crée par son élève, et qui fut reproduite à maintes reprises puis copiée en réductions de bronze par la fonderie de Susse...
Le nu généreux et séduisant de la statue de La Nature de Barrias contraste avec celle de La Science par une capacité d’invention saluée par de nombreux critiques. L’élève Barrias s’est ainsi affranchi de l’enseignement du maître Cavelier, abandonnant l’idéalisation, le caractère solennel et froid qui caractérise la plupart des œuvres de Cavelier. Ce dernier livre en définitive une Science plus "classique" et fidèle aux conventions allégoriques...
REMARQUE: Il est intéressant de noter que le socle de la statue porte deux signatures: celle de Cavelier mais aussi celle de son élève Léon Fagel. Quelle participation fut celle de Fagel, aucune source n'a pu être trouvée qui puisse mentionner ne serait-ce que ce détail intéressant!
INSTALLATION DEVANT LA FACULTÉ
Le 28 avril 1888, la faculté de médecine est inaugurée. Dès 1884, Jean-Louis Pascal avait décidé d'ériger deux statues monumentales en marbre devant la façade : « Les sujets sont sur ma proposition : la Nature et la Science, au seuil des études médicales ».
Jean-Louis Pascal souhaitait que la « Nature » fût attribuée à Louis-Ernest Barrias (1841-1905) et la « Science » à Charles-Marie Degeorge (1837-1888). Ce fut l'occasion d'une première passe d'armes entre l'État et la ville : « Est-ce l’État qui a décidé que les deux statues devant orner la façade principale seraient données à des sculpteurs étrangers ? » se demandait un membre du conseil municipal. Jean-Louis Pascal maintint sa volonté d'avoir deux artistes de premier ordre : « J'ai fait très bon marché du choix modeste des artistes désignés pour les médaillons de la cour, mais je voudrais que les deux statues de la façade fussent des œuvres de maître, et je vous supplie avec insistance de vouloir bien vous mettre d'accord avec moi », écrivit-il au directeur des beaux-arts.
Charles Degeorge étant décédé (1888), la Science fut sculptée par Pierre-Jules Cavelier (1814-1896). Elle est « drapée de longs plis dans l'attitude de la réflexion et de l'attention ».
Barrias sculptera la « Nature se dévoilant à la Science », « sous les traits d'une femme soulevant de ses deux bras, d'un geste lent et comme à regret, les voiles dont elle était enveloppée ».
« La Science de Cavelier, tenant un livre ouvert, est d'un aspect peu plus sévère ; l'expression est plus contenue ; mais l'inspiration est haute. »
Les 26 et 27 novembre 1893, les deux statues sont mises en place après avoir été acheminées par la Compagnie des chemins de fer Paris-Orléans.
L'État prenait à sa charge la moitié de la dépense, plus la fourniture des blocs de marbre. La Ville de Bordeaux payait l'autre moitié. La même répartition était adoptée pour les bustes de marbre de la façade et les médaillons de la décoration intérieure. Jean-Louis Pascal souhaitait ajouter d'autres figures allégoriques, dans l'escalier par exemple, et quelques œuvres picturales pour décorer les amphithéâtres.
DESCRIPTIF DE LA STATUE DEVANT LA FACULTÉ
Faisant le pendant à la statue de La Nature, la statue de l’allégorie de La Science s’incarne sous les traits d’une femme d’âge plus mûr, totalement drapée, dans une attitude rigide et relativement austère.
Le sculpteur Jules Cavelier anime néanmoins sa statue en lui faisant porter un livre, l’emblème du savoir, ainsi que la fameuse coupe de la déesse Hygie dans laquelle le serpent du temple d’Epidaure vient s’abreuver, symboles de la pharmacie.
Le socle quant à lui présente des fleurs, des végétaux et une jarre déversant de l'eau.
VUES ACTUELLES DE LA STATUE DEVANT LA FACULTÉ PLACE DE LA VICTOIRE
VUES ANCIENNES DE LA FACULTÉ AVEC LES 2 STATUES
M'ENFIN !?
ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES
OCCUPATION DE LA FACULTÉ DU 21 AU 31 MARS 2023 CONTRE LA REFORME DES RETRAITES
Occupé pendant dix jours, le site avait été finalement évacué par les forces de l’ordre le 31 mars, et n’était jusque là pas accessible. Cependant, les dégradations constatées y furent nombreuses et d’importants travaux furent nécessaires avant sa réouverture totale.
A cette occasion comme on le voit ci-dessous, le socle de la statue de la Science avait malheureusement été taguée ... 😑
LES 5 FAMEUX FACIÈS PAS FACÉTIEUX DE LA FAÇADE DE LA FACULTÉ... 😜 FAFAFAFACILE !!! 😁
Dès 1884, Pascal décide aussi de représenter en silhouette dans les grandes baies de la façade, cinq bustes, posés sur des gaines saillantes, devant lesquelles passent des guirlandes de fruits et de feuillages. Ils représentent la botanique : Bernard de Jussieu (1699-1777), la médecine: René Laënnec (1781-1826), l'anatomie : Xavier Bichat (1771-1802), la chirurgie: Guillaume Dupuytren (1777-1835), et la chimie : Antoine-Laurent de Lavoisier (1743-1794). Ces bustes marquent l'espace privilégié de la bibliothèque ; ils sont la « signature » du bâtiment, « caractérisant par le choix des personnes représentées : soit les sciences principales qui constituent l'étude de la médecine, par l'effigie des hommes les plus éminents dans ces spécialités, soit l'histoire même de l'art de guérir par la représentation de ses personnalités les plus marquantes depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. Ce choix, qui échappe à ma compétence [celle de Pascal], sera fait par le doyen de la faculté de médecine, le Recteur et l'administration municipale ». C'est le doyen qui choisit de faire figurer des grands noms de la Science et non des gloires locales, à qui il réservait l'intitulé des rues entourant la faculté : « II m'a semblé que, envisagée de la sorte, la question scientifique se rétrécissait singulièrement, et qu'en mettant en avant des illustrations locales, on risquait de diminuer la grandeur des figures sous le patronage desquelles nous cherchons à placer notre faculté ».
Note: On songea d'abord à Tournefort, botaniste né à Aix, ayant étudié à Montpellier, professeur à Paris, au Jardin des Plantes et au collège de France ; il fut remplacé par Bernard de Jussieu, le vrai fondateur de la méthode naturelle en botanique. Ambroise Paré, chirurgien barbier du XVIe siècle né à Laval, fut remplacé par Dupuytren.
Pascal proposait de choisir les sculpteurs Delaplanche, Mercié, Hiolle, Allar. Le directeur des beaux- arts conditionna alors sa participation à la moitié des frais, en échange du choix par l'architecte et la municipalité, de cinq sculpteurs dans une liste fournie par lui « d'artistes jeunes, connus et distingués ». Jean-Louis Pascal y choisit les Parisiens Gustave Michel (Bichat), Camille Lefebvre (Laënnec) et Charles Ghautier (Lavoisier), « trois hommes de talent qui, je l'espère, nous donneront de beaux motifs décoratifs » et la municipalité choisit les Bordelais Edmond Prévôt (Dupuytren) et Pierre Granet (Jussieu).
Notons à propos de ce dernier buste du chimiste Lavoisier, que Barrias (l'auteur de l'autre statue de La Nature) avait lui aussi fait non seulement son buste (conservé au Musée de Grenoble) mais aussi un monument en son honneur à Paris, Place de la Madeleine. Malheureusement ce monument a disparu lors de la seconde guerre mondiale dans le cadre de la récupération des métaux non ferreux. Ne subsite que les modèles en plâtre des panneaux latéraux conservés aussi au Musée de Grenoble.
Enfin, notons aussi pour être complet que Barrias avait également fait un autre monument à Bordeaux, en l'honneur du président Sadi Carnot (qui a inauguré donc cette même faculté de Bordeaux place de la Victoire) mais que cette sculpture fut elle aussi fondue pendant la 2ème guerre mondiale.
=> Tous les détails sur ce monument bordelais disparu ici: https://www.bordeaux-qqoqccp.fr/themes/statues-de-bordeaux/statue-sadi-carnot
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> Création de la page & publication: 29 OCTOBRE 2023. Posté le même jour sous pseudo "Jérôme Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post. Cette page est également sauvegardée via l'outil the Wayback Machine, qui peut tracer la date exacte de publication et son contenu, pouvant ainsi attester de toute antériorité des données par rapport à une publication recopiée/reproduite sans accord...