LES MUSES ET DÉESSES DU GRAND THÉÂTRE
QUOI : STATUES DES 9 MUSES ET 3 DÉESSES
QUI : Statues originelles: Modèles de Pierre François Berruer, Réalisation: Thalie, Melpomène, Polymnie, et Terpsichore par Pierre François Berruer et les autres de Philippe Joseph Titeux (cousin de Victor Louis) et Van den Drix (/Van den Dris)
OÙ : Sur le péristyle du Grand Théâtre
QUAND : 1780-1781 pour l'installation des statues originelles
COMMENT :
> NATURE/CONSTRUCTION: statues originelles en pierre calcaire dure de Taillebourg et de Chauvigny
> ÉTAT: Toutes les statues originelles ont été remplacée par des copies
COMBIEN : 12 statues: 9 muses et 3 déesses
POURQUOI : Ornementation du Grand Théâtre, intégration à la façade au dessus de chaque colonne corinthienne
ORIGINE DES 9 MUSES
Dans la mythologie grecque, les 9 muses étaient les filles de Zeus (dieu du ciel et de la foudre, et roi des dieux) et de Mnémosyne (la Mémoire). Les Muses entourent Apollon de leurs chants et de leurs danses et ont chacune leur spécialité et leurs attributs.
Elles formaient son cortège et elles dansaient avec lui et avec d'autres divinités, comme les Charites et les Heures, lors des fêtes sur l'Olympe Médiatrices entre les hommes et les dieux, elles protègent les arts et les sciences.Elles demeuraient dans les montagnes, en particulier celles de l'Hélicon, en Béotie, et de Piérie, près de l'Olympe.
(C'est en fait le poète grec Hésiode qui fixa leur nombre traditionnel à neuf et leur donna à chacune le nom connu actuellement, mais leurs attributions ne furent déterminées que plus tard. Longtemps confondues en un chœur unique et indissoluble, les Muses présidaient alors indistinctement à la musique et à la poésie. Ce n'est que peu à peu que chacune a reçu une fonction déterminée, et d'ailleurs un peu variable selon les auteurs.)
Astuce pour retenir les neuf muses:
> Clame, Eugène, ta mélodie, terrible air polonais, ouragan calculé. Pour: Clio, Euterpe, Thalie, Melpomène, Terpsichore, Érato, Polymnie, Uranie, Calliope.
ORIGINE DES 3 DÉESSES
Dans la mythologie gréco-romaine, les 12 dieux olympiens, gouvernèrent le monde après la défaite des Titans. Zeus et ses frères se partagèrent l’Univers en tirant au sort leur empire : Zeus obtint le monde céleste ; Poséidon, le monde marin ; Hadès le monde souterrain ; quant à la terre, elle fut considérée comme leur territoire commun. L’Olympe était leur foyer, d’où leur nom.
Les 12 dieux Olympiens formaient une famille divine : Jupiter (Zeus en grec) ; Junon, sa femme (Héra) ; Vénus (Aphrodite) ; Minerve (Athéna, ou Pallas) ; Mars (Arès) ; Mercure (Hermès) ; Apollon (appelé aussi Phébus par les Romains) ; Diane (Artémis) ; Cérès (Déméter) ; Neptune (Poséidon) ; Vulcain (Héphaïstos) ; Vesta (Hestia).
"Le jugement de Pâris": Pâris était le fils de Priam, roi de Troie,et d'Hécube. Eris, déesse de la discorde, la seule qui ne fut pas invitée au mariage du roi Pelée et de la nymphe de la mer Thétis, lança sur la table du festin une pomme en or sur laquelle on pouvait lire : « A la plus belle ». Pâris, prince de Troie, fut choisi comme juge par les dieux dans la dispute qui opposait Héra (Junon), Athéna (Minerve) et Aphrodite (Vénus). Elles voulurent l’influencer :
> Héra lui promit la puissance royale,
>Athéna, elle, lui promit la gloire militaire,
>Et Aphrodite lui promit la main de la "plus belle femme du monde".
=> Pâris choisit donc Aphrodite et demanda en récompense Hélène de Troie femme du roi Ménélas. Son enlèvement provoqua: « LA GUERRE DE TROIE »
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CONTEXTE HISTORIQUE DU GRAND THÉÂTRE
La construction du Grand-Théâtre s’insère dans le cadre du renouveau bordelais au XVIII ème siècle. Elle est suscitée par l'absence de salle de spectacle digne de ce nom. Dès 1761, les premiers projets de théâtre se succèdent. Le puissant duc de Richelieu, gouverneur de la Province, impose en 1773 son architecte personnel: Victor LOUIS. Celui-ci se heurte à l'envie, parfois même à la haine des Jurats et de la population bordelaise. Les travaux avancent rapidement jusqu'à la mort de Louis XV. Turgot, ministre du nouveau roi Louis XVI, fait interrompre les travaux, qui ne reprennent qu'en 1775. Malgré de multiples difficultés financières, ils seront terminés le 7 avril 1780, date de l'inauguration. Après le départ de Victor LOUIS commence l'exploitation de la salle. Les dégâts causés par les révolutionnaires rendent nécessaire la première restauration de 1799.
En 1803, les 12 statues "réparées et peintes à l'huile grasse chaude" retrouveront une nouvelle jeunesse.
En 1818, la décoration est modifiée, tandis que s'accélèrent les faillites directoriales. La restauration de 1832 confine au vandalisme... Celle de 1853 rétablit avec peine une partie des dispositions originales et apporte ses propres modifications. Quelques années plus tard, la chute de l'Empire amène l'Assemblée Nationale à siéger au Grand-Théâtre...
En 1880, le Grand-Théâtre fête son centenaire, mais avec les années, la vétusté de la salle devint plus frappante. L'importante restauration de 1914 améliore les installations techniques. Par la suite, une nouvelle organisation administrative favorise un rythme plus normal des directions successives.
(NOTE: Victor Louis fera appel à Berruer pour les 12 statues du Grand-Théâtre. Berruer fut le condisciple de l architecte Louis à l'École des Beaux Arts, alors École de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture. Ils eurent les mêmes succès dans les mêmes années et firent ensemble leurs études à Rome. Ils œuvrèrent également ensemble à la décoration du chœur de la cathédrale de Chartres).
LE PÉRISTYLE ET SES STATUES
C’est l'architecte franc-maçon Victor Louis qui a fourni les plans du Grand-Théâtre, alors chargé par le maréchal duc de Richelieu (lui-même aussi franc-maçon). Et c’est le duc de Chartres, Grand Maître des maçons français, qui posa la première pierre de cet édifice, le 13 avril 1776.
Ainsi, comment ne pas imaginer que la symbolique maçonnique n’imprègne pas l’architecture de ce théâtre aux allures de temple gréco-romain. L’art de Victor Louis a consisté à l’exprimer avec subtilité à travers sa recherche constante du nombre d’or.
(Note: Au début les colonnes devaient être collées à la façade, Richelieu aurait encouragé la création de la terrasse...)
Long de 88 mètres, le péristyle de la façade est supporté par douze colonnes corinthiennes. Ce nombre de colonnes n'est pas un hasard, 12 correspondant à la somme des côtés du triangle sacré: Le "Triangle d'Isis"(Triangle Isiaque: en l'honneur de trinité égyptienne Osiris, Isis et leur fils Horus. 3 le mâle; 4 la femelle; et 5 le fruit de leur union.), que l'on appelle aussi "triangle de Pythagore" ou "triangle des bâtisseurs", est un triangle rectangle possédant trois côtés de longueur respective 3, 4 et 5.
Pour les bâtisseurs de tous temps, il fut un moyen très simple de construire un angle droit, des perpendiculaires ou des parallèles, puisqu'il suffit de respecter la règle 3, 4, 5 sur une corde à nœuds ou sur un tracé avec un compas. Le Triangle 345 est connu au moins depuis les Babyloniens qui l'utilisaient pour vérifier les angles droits (triangle de l'arpenteur).
Le Nombre d'Or dans un triangle d'Isis, il faut tracer "la bissectrice dorée". Pour cela, il faut au préalable tracer le cercle inscrit au triangle. Son centre détermine alors le point par lequel la bissectrice doit passer. La section de la bissectrice située entre ce sommet et le périmètre du cercle mesure : 2 x Nombre d'Or
Le "module" des colonnes (rapport entre la hauteur et la largeur) est de 5, correspondant aux colonnes larges des temples romains. Celles-ci sont maintenues par une armature métallique intérieure (le « clou »).
La corniche est donc surmontée de 12 statues de pierre d'une hauteur de 2,3 mètres. Celles-ci ont été conçues par le sculpteur Pierre-François Berruer (1733-1797) avec
Berruer avait été rappelé à la capitale, mais l'artiste, obligé de quitter Bordeaux, et occupé à d'importants travaux pour la cathédrale de Chartres, n'eut que le temps de sculpter les quatre figures qui se trouvent au-dessus et au centre du péristyle (payées 7,200 liv).
Il mourut au Louvre, le 17 avril 1797, sans pouvoir achever et contempler son chef-d’œuvre...
On peut lire dans l'extrait de journal de La Petite Gironde, du 16 novembre 1874: " Les statues de notre Grand-Théâtre, fort bien faites du reste, et très décoratives, ont été exécutées d'une singulière façon. Au moyen de blocs de pierre, reliés et retenus par des crampons, des queues d'aronde et des tiges de cuivre, on a construit une statue grossière, et sur cette ébauche de statue, on a jeté une sorte de ciment qui a été modelé et ensuite peint. On comprend facilement dés lors que, sous l'action du temps et l'influence de la température, les morceaux de pierre dont se compose le noyau de chaque statue doivent finir par se disloquer..."
Si on résume:
Le 14 septembre 1776 Berruer envoie à Bordeaux les modèles de plâtre et de carton (Modèles visibles au Musée des Arts Décoratifs de Bordeaux). Il sculpte lui-même les 4 statues centrales de Thalie, Melpomène, Polymnie, et Terpsichore (terminées en septembre 1751), qui ne seront finalement mises en place qu'en 1782 (donc après l'inauguration du 7 avril 1780).
Son praticien Van Den Drix était sur place dès le mois de juillet 1776 pour travailler aux deux cariatides de l’escalier qui encadrent la porte.
Van Den Drix et Philippe Titeux (cousin de Victor Louis), exécutèrent d'après les dessins et les modèles les huit autres statues, qui sont achevées et installées pour l'inauguration du théâtre le 7 avril 1780.
Sachant que Van Den Drix avait aussi notamment les 2 cariatides de l'escalier à réaliser, et Titeux la main courante du grand escalier:
=> On peut éventuellement émettre l'hypothèse que certes Berruer a très certainement sculpté dans la pierre avec dextérité les 4 statues centrales. Mais, qu'en l'espace de 4 ans, en plus des autres travaux de sculpture, Van Den Drix et Philippe Titeux ont pu possiblement avoir recours au procédé décrit dans le journal de La Petite Gironde pour réaliser les 8 autres statues...
Notes: Les 12 statues sont orientées par paire, de sorte que leur regard se croise. D'autre part, leurs dimensions auraient été adaptées pour compenser la déformation due à la perspective que l'on peut avoir en les regardant depuis le sol devant le Grand Théâtre (à confirmer)...
Plaque dédicatoire installée lors de l"inauguration du Grand Théâtre dans le grand escalier: retirée en 1793, la mention "du règne de Louis XVI" n'étant alors plus trop appréciée...
=> Lien vers chacune des statues du Grand Théâtre: https://www.bordeaux-qqoqccp.com/themes/statues-de-bordeaux/statues-grand-theatre
ou cliquez sur le nom de votre choix:
AUTRES STATUETTES DE BERRUER
Déesse Hébé
Allégories de la l'Amitié fidèle et de la Sincérité
M'ENFIN !?
ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES
REVUE DE PRESSE
> DOUBLE INSCRIPTION
> FRONTON DU GRAND THÉÂTRE
L'écusson fleurdelysé du fronton, reproduit sur les programmes, ne date pas de l'origine. Pour tout dire, il est en stuc. Il a été fixé au cours du XIX ème siècle. On constate que l'inscription : « Grand-Théâtre de Bordeaux » était gravée au-dessus des douze colonnes. La Révolution l'effaça. Le bâtiment devint Théâtre de la Nation. Il est piquant de noter que les hommes de la Restauration n'osèrent pas restituer son nom au Grand-Théâtre. Ils en discutèrent longuement. Des lithographies de 1830 reproduisent la façade du palais de Louis portant le seul mot : « Théâtre ».
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LES MUSES S'AMUSENT À M'USER À LES DÉNOMBRER 😛
Bordeaux n'est pas une exception en matière de statues de Muses:
Théâtre de la ville d'ARLES
Théâtre du Châtelet (Paris)
Opéra de la ville de RENNES
Opéra de la ville de LILLE
Opéra de la ville de STRASBOURG
Opéra de la ville de NICE
Théâtre Graslin de la ville de NANTES
Opéra de la ville de LYON
=> En revanche, toutes les statues n'ont pas la beauté de celles du Grand Théâtre de Bordeaux, exemple à l'Opéra de Rennes: 😆 😆 😆
"KRANKENSCHWESTERN"... LES 9 SŒURS... DE L’HÔPITAL ... !!! 😃 (jeu de mots pour les germanistes😛)
Quoi? De l'allemand? Chut !!! Quoi chut!!! c'est en allemand !!! Il est déguisé en arbre? Quoi ? ça dure 4 heures !!! Pffff la galère!!! ... 😆
Blague à part... La Révolution avait frappé de plein fouet les hospices en confisquant l'ensemble de leurs biens. Pour compenser ces pertes, on affecta au patrimoine des hôpitaux, au lendemain de la Révolution, le Grand Théâtre de Bordeaux. Un site de 5 301 m² dont les hospices de Bordeaux obtiendront la propriété en février 1804, en remplacement de biens aliénés à leur préjudice par une loi révolutionnaire. Actuellement, la Ville de Bordeaux et le CHU sont liés par un bail emphytéotique de 99 ans, qui rapporte une redevance annuelle de… 1 euro.
TAQUINER LES MUSES...😅
Désormais que ce soit via le plan en relief de François Didier ou même via les dispositifs du Grand Théâtre lui-même, les non-voyants et malvoyants peuvent ainsi au toucher se faire une idée de l'édifice, et aussi des muses...😃
UN PANORAMA RICHE ... OU ... DE RICHES ...😅
Alors si vous voulez profiter d'une vue plongeante sur le Grand Théâtre, soit vous cassez votre livret A pour une suite au Grand Hôtel de Bordeaux, soit vous allez prendre un cocktail sur le rooftop au bar. Le prix du cocktail n'est pas donné, mais il est bon et la vue est très sympa... 😍 Attention aux coups de soleil 😅
La langue française associe parfois le mot « merde » à la chance. Cette expression vient de l’époque où l’on se déplaçait en fiacre (voiture à cheval), notamment pour aller au théâtre.
Le succès d’une pièce pouvait donc se mesurer à la quantité « m…. » devant le théâtre. Les comédiens ont ainsi pris l’habitude d’utiliser se mot pour se souhaiter bonne chance…
Ceci a disparu avec les voitures...
LES BELLES HABILLÉES DE LUMIÈRE... 😃
Que ce soit autrefois via des guirlandes, ou de nos jours avec des projections, on s'est plusieurs fois essayé de les décorer à diverses occasions...
EUH... VOILA VOILA... "BELLES GOSSES"... 😅
Sources:
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> Création de la page & publication: 18/09/2020. Cette page est également sauvegardée via l'outil the Wayback Machine, qui peut tracer la date exacte de publication et son contenu, pouvant ainsi attester de toute antériorité des données par rapport à une publication recopiée/reproduite sans accord...