STATUE DE LA POÉSIE LYRIQUE
QUOI : STATUE DE LA POÉSIE LYRIQUE
QUI : Statue actuelle: Jean Alphonse Edme Achille DUMILÂTRE
OÙ : copie: Dans la niche droite de l'escalier du Grand Théâtre, originelle: à la pointe de l'île aux oiseaux/cygnes du Jardin Public
QUAND : 1882 pour la 1ère, 1884 pour la 2ème.
COMMENT :
> NATURE/CONSTRUCTION: Pierre de Poitiers issue du site de Château-Gaillard
> ÉTAT: copie: toujours visible au Grand Théâtre (niche droite), originelle: détruite en plusieurs morceaux toujours visibles
COMBIEN : 2 modèles (la 1ère statue ayant été remplacée car endommagée lors de l'installation)
POURQUOI : Ornementation du Grand Théâtre, combler les niches laissées vides lors de l'inauguration du Grand Théâtre
HISTORIQUE DE LA STATUE ACTUELLE DE LA POÉSIE LYRIQUE (NICHE DE DROITE EN MONTANT L'ESCALIER)
En Août 1876, le sculpteur bordelais Domenico Maggesi déclina la demande d’exécution d'une copie de la statue de la muse Euterpe, en soulignant le fait qu'il avait déjà terminé les modèles des statues commandées 2 ans auparavant pour les 2 niches du grand escalier. Cependant aucune suite ne fut donnée...
La même année, la ville de Bordeaux eut le projet de confier l’exécution d'une statue au sculpteur Pierre Hoursolle qui devait être placée dans une des niches du Grand Théâtre. Cependant, ce dernier fut fauché en pleine force de l'âge à 26 ans et ne put honorer cette commande...
En Avril 1881, ayant eu vent du projet de faire exécuter deux statues pour l'escalier d'honneur du Grand Théâtre (dans le cadre de sa restauration), Alphonse Dumilâtre écrit au Maire de Bordeaux pour le solliciter dans le but de se voir confier cette tâche. (Pour rappel, Dumilâtre venait juste de terminer les statues de Montesquieu et Cujas pour la faculté de Droit). Dumilâtre proposait alors pour sujet: soit La Musique et La Danse, soit La Musique et La Poésie.
Cependant, le 20 Juillet suivant, le Maire se voit contraint d'écrire au Sous Secrétaire d’État et au Ministre de l'Instruction Publique et des Beaux Arts pour leur demander une somme complémentaire de 4000 francs. En effet, en se basant sur le même prix que les deux statues décorant l’Hôtel de Ville, Dumilâtre se proposait de réaliser les deux statues du Grand Théâtre pour la même somme de 4000 francs chacune. Cependant les crédits disponibles de la ville de Bordeaux ne s'élevaient alors qu'à 5000 francs, et ne pouvaient donc couvrir qu'une seule statue avec les frais de transport et d'installation. Malheureusement le Sous Secrétaire d’État répondra qu'il avait bien pris note de la demande, mais que les crédits ne pouvaient permettre cette dépense sur l'exercice annuel de 1881. La requête ne pourrait être examinée que l'année suivante...
Malgré cela, en décembre 1881, Dumilâtre envoie les maquettes des deux statues, après avoir fait exécuter en relief les deux niches selon les dessins de l'architecte Faget. Le Maire prévoyait alors déjà de placer la statue de La Poésie à Droite, et celle de La Musique à gauche.
Le 4 Janvier 1882, le Maire de Bordeaux n'ayant eu les crédits suffisants que pour financer la statue de La Poésie déjà commencée par Dumilâtre, (appuyé par le Député de la Gironde) il réécrit au Ministre pour lui rappeler sa requête de financer la seconde statue de La Musique. 18 jours plus tard, le Maire reçoit une réponse du député Armand Lalande, qui lui explique que la crise serait un obstacle pour ce financement...
Le 23 Février, le Ministre informe officiellement qu'il vient de confier au statuaire parisien Hector Lemaire (prix du Salon 1878), la commande d'une statue en pierre personnifiant La Musique (pour la même somme de 4000francs!). Aucune autre explication n'est donnée dans les archives de Bordeaux sur la motivation de ce choix. Quatre jour plus tard, Lemaire adressera un courrier au Maire de Bordeaux, l'informant qu'il attendait désormais ses instructions pour commencer le travail...
Dumilâtre, mis au courant de ce choix pour la 2ème statue, demandera que la Ville de Bordeaux supporte les frais des maquettes des niches mais aussi de la fourniture de la pierre et de l’emballage & transport, comme l’État s'était engagé à le faire à Lemaire. Il obtiendra gain de cause.
Les deux sculpteurs, choisiront ensemble la pierre de Poitiers (provenant du site de Château-Gaillard), au grain fin et blanc, pour la réalisation des deux statues, dans le but de garder une harmonie d'aspect et de rendu de couleur. Soit au final, la somme de 350 francs pour les deux blocs.
En Juillet 1882, Hector Lemaire finira d’exécuter l'esquisse de la statue de la Musique, qui sera validée par le Directeur Général des Beaux Arts.
Lemaire terminera sa statue fin Mars 1883, alors que Dumilâtre et son praticien avaient déjà fini celle de La Poésie Lyrique début janvier 1883. Les deux statues seront exposées au Salon de 1883 en même temps que la statue de l'architecte Victor Louis qui sera installée également dans le Grand Théâtre. On peut retrouver des critiques de l'époque de ce Salon:
Salon de Paris de 1883 n° 3603 : "nous citerons la Poésie lyrique de M, DUMILÂTRE, figure distinguée, mais dont les épaules nous ont paru un peu frêles pour les hanches un peu fortes" (Le Moniteur d'Issoire: Causeries d'un flâneur au Salon de 1883)
"Le torse de la Poésie lyrique, de M. Dumilâtre, est d'une finesse exquise, mais choquante pour les jambes, que les draperies font trop fortes, et puis que M. Dumilâtre ne connaît pas le sens du mot: lyrique." (L'art ochlocratique salons de 1882 & de 1883 par Joséphin Péladan)
Malheureusement, le dimanche matin du 17 Février 1884, vers 8h00, un regrettable accident survint pendant qu'on installait la statue de la Poésie Lyrique de Dumilâtre dans la niche de droite. En effet, alors qu'on levait la statue dans sa caisse, le câble de la poulie triple céda et la caisse retomba perpendiculairement au sol d'une hauteur de 2 mètres sur un lit de madriers (le câble se trouva pris dans le rebord tranchant de la poulie au lieu de rester dans la gorge). La statue fut brisée aux pieds, la tête et un bras tombèrent par terre. Les ouvriers de l'entrepreneur de charpenterie M. Guilhem (ayant précédemment transporté la statue de Louis XVI du musée du jardin public au musée de la Mairie, et la restauration & consolidation de la charpente du Grand Théâtre) furent reconnus coupables de faute professionnelle dans le maniement de la chèvre (:"imprudence et négligence de précautions suffisantes"). L’entrepreneur n'était pas présent lui-même aux préparatifs, et arriva juste au moment de l'accident.
Dumilâtre estimera la réalisation d'une nouvelle copie de la statue à 2250 francs (:2000 francs d’exécution + 250 francs d'achat et transport de la pierre). Il finira cette seconde statue fin août 1884. En octobre 1884, un second entrepreneur, M. Cerf, sera engagé pour la somme de 1944 francs pour replacer la 2ème statue de Dumilâtre dans la niche de droite.
Lors de la séance du Conseil Municipal du 1er Avril 1884, il fut statué que la somme totale de 3000 francs pour le remplacement par une nouvelle statue, serait à répartir pour moitié entre la Ville de Bordeaux et l’entrepreneur Guilhem. Cependant, la somme de 1500 francs étant plus que conséquente (voire pouvant mener à la ruine) pour l’entrepreneur, celui-ci essaya de solliciter les bonnes grâces du Maire et voulu se dégager de toute responsabilité. La ville lui versa une somme de 1848 francs pour les travaux réalisés, mais comme entre-temps elle avait fait réparer et placer les restes de la 1ère statue dans le jardin public, l’habile entrepreneur renégocia ses pénalités à 1000 francs...
NOTE: Cette 1ère statue originelle, était encore visible dans son état restauré sur l'île aux oiseaux du jardin public jusqu'en 1999. Les 26/27/28 décembre 1999, les deux tempêtes Lothar et Martin ont traversé la France et ont touché gravement le jardin public, dont cette statue qui fut brisée à mi-corps. (voir les photos plus bas dans cette page)
- STATUES ORIGINELLES SELON LES PLANS DE VICTOR LOUIS
Malheureusement, ni dans les textes disponibles, ni sur les plans ci-dessous, il ne semble possible de savoir quels étaient les deux modèles de statues prévues dans ces niches du grand escalier. On notera que ces deux niches avaient été laissées vides au moment de l’inauguration du Grand Théâtre le 7 avril 1780. Jacques d'Welles, pensait que Victor Louis, ébloui devant les deux œuvres de Berruer, avait décidé de ne jamais approcher aucune statue de ces deux cariatides. Peut-être attendait-il de trouver des œuvres dignes d'un tel voisinage...?
- FONTAINES DES FÊTES DE CHARITÉ DE 1851
En 1851, Adolphe ALPHAND, Ingénieur Ordinaire des Ponts et Chaussées (l'habile constructeur du quai vertical de Bordeaux), devient le président de la société des Fêtes de Charité, après avoir fonctionné par comité sans organisation centrale depuis 1848. En 1852, il organise les Fêtes de Charité du printemps. A cette occasion, il redécore le Grand Théâtre en plaçant des fontaines dans les niches de chaque côté du grand escalier...
- DEUX PREMIÈRES STATUES INCONNUES
Dans les dessins ci-dessous de G. Diavoud et G. Janet, on retrouve ensuite les deux niches avec deux statues qui sembleraient être éventuellement: à droite avec son tambourin: Terpsichore, et à gauche (à confirmer?) soit Melpomène avec un poignard dans sa main gauche (ce qui serait redondant avec la cariatide Melpomène de l'encadrement de la porte) soit Polymnie avec un sceptre ?
Note: Le dessin de Janet reprend lui aussi les 2 cariatides de la porte de Melpomène et Thalie, telles que dessinées par Davioud. Or les positions des bras et des genoux ne sont pas correctes par rapport à la réalité. Dans la réalité Melpomène à droite de l'entrée a les genoux couverts et les bras écartés, et Thalie à gauche de l'entrée a les genoux apparents et tient son masque dans les deux mains.
(Cette erreur est la même sur les images des Fêtes de charité et plus bas avec Garibaldi). Il y a donc une incohérence sur les cariatides inversées de la porte...
Victor Louis voulait originellement inscrire sur la façade "À THALIE, ET À MELPOMÈNE" et "À POLYMNIE, ET À TERPSICHORE", et donc mettre particulièrement en avant ces 4 muses... Ces 4 muses sont ainsi au centre du fronton et aussi les seules sculptées de la main de Berruer. Serait-ce possible qu'on ait voulu combler les 2 niches intérieures par Terpsichore et Polymnie (avec un sceptre?) pour faire le pendant des 2 cariatides Thalie et Melpomène? Ce serait assez représentatif pour être plausible...
Dans l'ouvrage "Le Grand Théâtre de Bordeaux: naissance et vie d'un chef-d'œuvre de Jacques d'Welles de 1950, on peut lire: "En 16 août 1853, à la fin de la présentation d'un nouveau devis de réparations et de modification importante de l'assiette des places et de l'équipement, le rapporteur décoche au Conseil la demande vertueuse de voir enlever des niches du grand escalier les deux statues qui offensaient autant le bon goût que la décence"...
Dans le livre intitulé "Le Grand Théâtre de Bordeaux" (de Jean LATEYRE) il est mentionné: "Lors de la restauration de 1853, on a donc enlevé ces deux statues "indécentes"...
Cependant il y a encore une autre incohérence chronologique dans ces dessins, car on voit ci dessous l'illustration d'Adolphe Thiers sortant de l'Assemblée Nationale en 1871 - on y voit la niche de droite avec une statue de Terspsichore - et Garibaldi sortant lui aussi de la même salle le 13 février 1871 alors que la niche de gauche est vide.
=> Soit la date d'enlèvement en 1853 n'est pas bonne, soit un des deux dessins est faux chronologiquement...
Grosse zone d'ombre sur ces deux statues: origine/dates/auteur/modèles/emplacements actuels...?
Ci-dessous, des illustrations montrent les deux niches vides vers 1871...
Photos des deux niches vides (datant d'avant 1884).
- PHOTOS ACTUELLES DE LA STATUE DE LA POÉSIE LYRIQUE
- PREMIÈRE STATUE ORIGINELLE SUR L'ÎLE AUX OISEAUX: AVANT SA DESTRUCTION EN 1999
Ci dessous sur le film et les cartes postales d'époque on peut apercevoir la statue (à qui il manquait déjà la main droite) sur l'"île aux oiseaux/cygnes"...
- STATUE ORIGINELLE SUR L'ÎLE AUX OISEAUX: ÉTAT ACTUEL
Morceaux de la statue: membres posés à gauche du socle et autres morceaux aussi à droite...
M'ENFIN !?
ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES
PLANS DU GRAND THÉÂTRE (en vue de dessus)
COURRIER DE MAGGESI (Août 1876)
REVUE DE PRESSE
NO COMMENT ! AU MOINS LES STATUES ONT UNE BELLE VUE ...
Le Glob Théâtre et l’Opéra ont proposé dans le cadre du festival Novart, en première mondiale, un défilé de slip kangourou sur les marches du grand escalier du Grand Théâtre de Bordeaux.
LIENS VERS:
ÉRATO
Sources:
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> Création de la page & publication: 29/12/2020. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post. Cette page est également sauvegardée via l'outil the Wayback Machine, qui peut tracer la date exacte de publication et son contenu, pouvant ainsi attester de toute antériorité des données par rapport à une publication recopiée/reproduite sans accord...