STÈLE À GEORGES TISSOT
QUOI : STÈLE À GEORGES TISSOT / Monument à Georges TISSOT / Médaillon de Georges TISSOT
QUI : Modèle: Georges TISSOT (alias "Yoye"). Dessin préparatoire: Maurice François Roganeau. Sculpteur: Alexandre Callède (pour le haut relief) et René/Gabriel(?) Rispal (pour la sculpture d'ornement).
OÙ : Initialement le long de la Garonne près du pont de pierre, en haut des escaliers du quai des Salinières (face au N°7), puis déplacé à l'entrée de l'Esplanade Charles de Gaulle à Mériadeck.
QUAND : Inauguration le 5 Juillet 1958 à 17h. Déplacé en 1982.
COMMENT :
> NATURE/CONSTRUCTION: Pierre
> ÉTAT: Toujours visible.
COMBIEN : 1 maquette et 1 modèle en pierre
POURQUOI: Rendre hommage au nageur bordelais, résistant membre du réseau Brutus, Maréchal des Logis, chef Georges TISSOT.
PORTRAIT
Le bordelais Georges Tissot fut un champion de boxe poids welter à 17 ans, joueur et capitaine de rugby et champion de natation reconnu (une piscine porte son nom dans le quartier de Bacalan), formé par Arthur PLANE et élevé par Mme PLANE. On peut le voir ci-après dans le journal du 4 juillet 1927 remportant la "VIIème Traversée de Bordeaux à la nage".
Il fut d'ailleurs directeur des cours à l'école gratuite de natation et de sauvetage. Celle-ci formait 300 nageurs et nageuses chaque année aux Bains Girondins (situés sur la Garonne, en 1867 à Paludate, au droit des chantiers navals; puis en 1873 sur les quais de la Monnaie - Voir ci-après...).
Mais il fut aussi résistant. Il faisait partie du réseau de renseignement et d'action BRUTUS fondé en 1940 par le colonel Foucaud.
Il y côtoya notamment ses camarades de guerre en 39/40 Pierre Dupin et le docteur Pierre Auriac, ce dernier agent P1, membre influent du réseau en 1943 (promu lieutenant, il sera touché lors de la prise de Belfort).
RÉCIT PAR PIERRE AURIAC
Durant la campagne 1939-1940, avec le 21e R.A.C. (Régiment d'Artillerie Coloniale), sous les ordres du lieutenant-colonel Damoy, il participe sur la Somme aux deux combats des 5 et 6 juin. Maréchal des logis, alors que septembre 1939 l'avait trouvé simple canonnier, il brise avec ses camarades le déferlement des chars Panzer de Rommel : 90 blindés allemands au tableau de chasse des vieux et glorieux tubes de 75, tirant antichars, avant de succomber sous la masse adverse. Il participe à d'ultimes engagements d'infanterie, successivement avec deux autres régiments...
Replié avec les éléments restants du 21e R.A.C. et en bon ordre, il est démobilisé fin juin 1940. Mais il reste au service de la France: il répond immédiatement à l'appel du général de Gaulle.
Membre du Bureau central de renseignements et d'action (B.C.R.A.) il sert dans la section renseignement du réseau Brutus. Mais le réseau est décimé, ses chefs et camarades abattus ou déportés. Il s'évade alors en Espagne en emmenant avec lui deux aviateurs américains abattus en France:
Avec Pierre Auriac, il aide donc 2 américains (dont le B-24 Liberator nommé "Flak Bait"/"Devil's Dream" s'était crashé près du village Les Agrières) Gustavo Kotta et Robert Warner (photo ci-contre). Les deux aviateurs sont pris en charge par le groupe de résistance local situé près de Miramont-de-Guyenne, dans le département du Lot-et-Garonne.
Quelques semaines plus tard, les résistants Pierre Auriac et Georges Tissot, dont le réseau est probablement traqué par les Allemands, décident de passer clandestinement en Espagne. Tous les quatre descendent alors en voiture jusqu'au Pays basque où ils sont cachés pendant huit jours chez la famille Chango à Saint-Just-Ibarre. Avec l'aide de guides, indispensables dans les Pyrénées enneigées, ils réussissent la traversée.
Les 4 fugitifs se retrouvent en sécurité et dans un pays neutre, mais un peu inquiets de la paperasserie des autorités espagnoles. Les Américains sont aidés par leur consulat en Espagne et descendent à Gibraltar.
Leur retour en Angleterre est organisé le 17 avril 1944 pour Gustavo Kotta et le 11 mai 1944 pour Robert Warner.
Après un séjour dans un camp d'internement à Miranda de Ebro, les deux Français sont autorisés à partir.
Après trois semaines à Gibraltar, Tissot rejoint à Alger la France combattante. Il est volontaire pour les commandos de France, parachutiste à la croix de Lorraine. Durant quatre mois, il subit sans défaillir, malgré ses 44 ans, et grâce à ses qualités athlétiques, le dur entrainement « spécial » des troupes de choc. Farouche et obstiné, il veut être prêt pour libérer le sol national à la pointe de la première armée française.
Débarquement en Provence, Toulon, la vallée du Rhône, Dijon, le voici avec la brigade de choc Gambiez, aux pieds des Vosges, dans le secteur du Haut-du-Tôt, commandé par le colonel Lecoq (plus tard général commandant la 4e région militaire de Bordeaux).
Le 3 novembre 1944, à l'aube, le commando de France attaque sur Gérardmer, face à la 269e. division allemande fraichement arrivée de Norvège. Les commandos atteignent brillamment leurs objectifs malgré des pertes importantes, et aussitôt s'abat sur eux un violent et terrible tir de mortiers.
Et, dans le soir qui descend sur la grandiose forêt sapins des Vosges, revêtue de linceul blanc, le maréchal des chef Georges Tissot, debout à la tête de sa section, tombe mortellement atteint.
Il est mort pour que la France vive, parce que son sacrifice fut volontaire, il est un exemple pour les générations futures et Bordeaux se doit se garder vivante sa mémoire en lui élevant une stèle sur le-bord de cette Garonne qui fut je témoin de sa vie.
Docteur Pierre AURIAC, Ex -médecin lieutenant au 21e R.A.C., ancien du réseau Brutus, ex-chef de peloton au 2e commando de France.
Souvenir du soldat Marcel Boscher :
« Je faisais partie du deuxième commando, on était en couverture. Quand le premier commando a attaqué sur le glacis du Haut-du-Tôt, le brouillard s’est levé. Ils ont été allumés par les tirs de mortiers des Allemands.
Il y a eu beaucoup de pertes...
Ensuite, on est arrivés par la forêt et on a réussi à repousser les Allemands dans la forêt de Cellet.
C’est pendant cette attaque que le deuxième commando a déploré son premier mort, il s’appelait Tissot. »
Les Bains Girondins et l’École de Natation
HISTORIQUE DE LA SCULPTURE
La stèle fut initialement installée le long de la Garonne près du pont de pierre, en haut des escaliers du quai des Salinières (face au N°7). Ce qui rappelait l'emplacement où furent un temps les Bains Girondins que Tissot dirigeait... Elle fut inaugurée le samedi 5 Juillet 1958 à 17h00.
Georges Tissot, était l'ami du sculpteur Alexandre Callède, qui pris en charge le haut relief selon un dessin préparatoire par Maurice François Roganeau (voir ci-dessous). (René, ou Gabriel ? à confirmer...) Rispal s'occupa de la sculpture d'ornement. (Note: Ce dessin préparatoire a été donné par la famille d'A. Callède au Centre Jean Moulin).
La stèle fut déplacée au début de l'année 1982 pour rejoindre l'entrée de l'esplanade Charles de Gaulle dans le quartier de Mériadeck, où sont regroupés nombre de monuments aux morts.
(Monuments: Commandos de France 1944-1945; Armée des Ombres 1940-1944; A nos Morts La France libre 1945, A la mémoire des Girondins morts en Afrique du Nord 1952-1962; En hommage a la mémoire des jeunes Girondins morts en Algérie, Maroc et Tunisie 1952-1962.)
DESCRIPTIF DU MONUMENT
Cette stèle, érigée en sa mémoire, possède un bas-relief à son effigie, sur-imprimé sur une croix de Lorraine.
Inscriptions :
Sous le médaillon : ATHLÈTE AU CŒUR PUR / RÉSISTANT SANS PEUR ET SANS REPROCHE / ÉVADÉ DE FRANCE 1944 / VOLONTAIRE DE LA IERE ARMÉE FRANÇAISE / GEORGES / TISSOT / TUÉ À L'ENNEMI / LE 5 NOVEMBRE 1944 / AU HAUT DU TOT / (VOSGES).
En bas : CEUX DU 21E R.A.C. LES ÉVADES DE FRANCE LES ANCIENS DU COMMANDO DE FRANCE A LA MÉMOIRE DE LEUR GLORIEUX CAMARADE. 1958
Tissot est représenté en buste, en uniforme militaire (veste et béret). Une gerbe/couronne de feuilles est sculptée à la base de la croix de Lorraine. En haut à gauche on retrouve l'insigne des Commandos de France à la croix de Lorraine, et en haut à droite l'insigne du 21ème R.A.C. (Régiment d'Artillerie Coloniale).
On remarquera qu'une restauration récente a été réalisée sur les parties jadis abimées du béret, du nez, de la joue et du cercle entourant le buste (ci-dessous). Il semblerait aussi au vu de l'espacement des lettres au bas de la stèle, qu'on ait peut-être rajouté "tardivement" un "X" à la fin du mot "GLORIEUX"...
VUES DU MONUMENT AVANT RESTAURATION
VUES DU MONUMENT AUJOURD'HUI
> A quelques pas de là sur cette même esplanade Charles De Gaulle, on trouve également une stèle aux Commandos de France 1944-1945...
LA PISCINE TISSOT ("PISCINE CLAVEAU") À BACALAN
Le domaine fut occupé en 1942 par la Kriegsmarine. Dans le Camp de la Palu, les Allemands construisirent des installations pour la vie quotidienne d’environ 1500 militaires sous-mariniers, abris passifs, pavillons-dortoirs, casernes, terrains de sport, piscine, salle des fêtes (qui servira après guerre de salle de spectacle et de bibliothèque municipale).
Pendant l'Occupation, les Allemands avaient ainsi percé à cet endroit des réservoirs d'eau, devenus piscine improvisée. Après la guerre, la ville récupéra le terrain, y compris la piscine construite par les Allemands, devenue piscine Tissot ("Piscine Claveau"). A l'époque, elle était ouverte deux mois par an, I été, car elle n'était pas encore couverte. Elle a été depuis ré-aménagée et rénovée...
M'ENFIN !?
ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES
PLAQUE À LA MÉMOIRE DE GEORGES TISSOT SUR LA TOMBE DE SON "MAÎTRE" ARTHUR PLANE AU CIMETIÈRE DE LA CHARTREUSE
ALEXANDRE CALLÈDE. Morcenx (Landes), 16 août 1899 - Pessac (Gironde), 12 avril 1980.
Élève de Tuffet et de Leroux à l'école des Beaux-Arts de Bordeaux. Expose d'abord à la Société des Amis des Arts puis à l' Atelier (à partir de 1931) et, à Paris, au Salon des Artistes Français. Professeur de sculpture statuaire à l'école des Beaux-Arts de Bordeaux (1942-1972), Callède fut aussi un athlète de haut niveau, vice-champion de France de saut en hauteur (1921).
LA SCULPTURE EN HÉRITAGE CHEZ "LES RISPAL"
Dans la famille, on devait se transmettre les outils 😉
=> Après de longues recherches, voici un résumé de la filiation "des RISPAL" et des œuvres relatives à ces artistes, à Bordeaux et dans les environs...
(Au vu des dates, et le journal Sud-Ouest ne donnant pas de prénom, le sculpteur ayant œuvré sur ce monument à Georges TISSOT peut être: soit René, soit Noël Jean Gabriel...)
REVUE DE PRESSE
DOCUMENTS D'ARCHIVES
Sources:
COPYRIGHT & DROITS RÉSERVÉS DE REPRODUCTION DES DONNÉES DE CE SITE:
Le résultat de mes recherches & synthèse des informations, de la construction des sections & mise en forme, et de la découverte des données d'illustrations/photos sur cette stèle à Georges TISSOT sont entièrement issus de mon travail personnel. Je cite mes sources ci-dessus 📜.
Néanmoins, conformément aux conditions de Google Sites, le fruit de l'élaboration personnelle de cette page et de ses données ne peut être reproduit sans consultation ni accord préalable. Dans le cas seulement d'un accord de ma part via la rubrique §CONTACT, la réutilisation ne pourra se faire qu'avec citation du lien de ma page en source d'information. Ne faisant moi-même aucun bénéfice financier, aucune exploitation commerciale directe ou indirecte des sources ci-dessus et/ou de mes données propres sur cette page n'est tolérée ⛔️. (LOGO "Bordeaux QQOQCCP": marque déposée). Merci à vous.
La diffusion seule et gratuite du lien de cette page reste bien entendu entièrement libre et encouragée 😉.
> Création de la page & publication: 18 JANVIER 2023. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post. Cette page est également sauvegardée via l'outil the Wayback Machine, qui peut tracer la date exacte de publication et son contenu, pouvant ainsi attester de toute antériorité des données par rapport à une publication recopiée/reproduite sans accord...